the world is not enough (melrose c.)

Lorsque monsieur Christie exigeait, monsieur Christie avait. Bien qu'il n'avait plus sa fortune, ses apparitions dans cette émission de télé-réalité lui donnaient encore des exigences de star. Célébrité connue des plus jeunes, j'étais à son service depuis maintenant deux ans et demi. Deux années - presque trois - mouvementées. Entre son divorce, la perte de sa fortune et de son statut social, sa chute aux enfers fut difficile et je fus présent pour le regarder descendre plus bas que terre, sali par un père à la réputation devenue douteuse et surtout illégale. De toute manière, tous pères avaient ses vices. J'étais bien placé pour le savoir. Le mien n'était qu'un ivrogne irresponsable ayant engrossé ma mère alors qu'elle était marié à un autre homme. J'étais l'enfant illégitime d'une Woodhull, alors renommée Roscoe suite à son divorce. Ce putain de père avait tout foutu en l'air. Bref, je compatissais. Un peu. Et je subissais. Beaucoup. Pour autant, j'étais le plus heureux de travailler pour lui et ses caprices car, en privé, il était le meilleur des amants, le meilleur coup de toute mon existence. Monsieur Christie savait assouvir mes désirs et monsieur Christie savait également comment les animer. Heureusement que Malone n'était pas au courant. Coucher avec un client... Il détesterait, sans aucun doute. Il me haïrait même pour être aussi faible devant la gente masculine. Il me connaissait, pourtant. Mais je n'étais qu'un homme et je succombais facilement aux charmes d'un bellâtre. Quant à ce bellâtre en question, il m'avait demandé - ou ordonné - de le conduire à sa soirée. Je n'avais d'autre choix que d'obéir et de l'y emmener. C'était ça mon job, maintenant.

Je conduisais donc le véhicule noir aux vitres tintées de monsieur Christie, me dirigeant d'un pied nerveux au Nightlife, une boîte de nuit. Le musique tournait mais je ne l'écoutais pas. Je gardais un œil concentré sur la route et sur mon passager arrière à travers le rétroviseur. Quand monsieur Christie avait décidé de sortir, j'avais dû m'habiller pour l'occasion. Un garde du corps devait se fondre dans la masse, être discret mais toujours à côté de son client. J'avais donc opté pour un pantalon et une veste de costume noir ainsi qu'un t-shirt blanc moulant, accompagnée de chaussures en cuir noir confortables. Se fondre dans la masse. Avec monsieur Christie, c'était difficile car monsieur Christie faisait souvent ce que bon lui semblait sans même demander une approbation. Il donnait l'impression que sa sécurité n'était pas importante. Pourtant, je savais qu'il y tenait. Rapidement, je me garais dans la rue, à quelques pas de l'entrée du club. « Nous sommes arrivés, monsieur. » J'arrêtais le moteur, attrapais les clefs et sortis du véhicule. Je faisais le tour de la voiture et ouvris la porte arrière droite que je refermais une fois monsieur Christie descendu. « Allons-y. » Je passais une main dans son dos, lui indiquant le chemin à suivre, et le suivais. J'étais assez proche pour entendre un quelconque murmure mais pas trop afin de lui laisser une certaine liberté de mouvement. « Qui organise la soirée, cette fois-ci ? » Lui demandais-je simplement alors que nous arrivions devant le videur. Il nous fit passer sans attendre, tel le privilégié qu'était monsieur Christie.