burn, baby, burn (tamtam g.)

Il était tard. Je ne savais pas l'heure exacte mais la nuit était tombée sur la ville. Les lumières des lampadaires brillaient de mille feux et les rayons de la lune me provoquaient un certain sentiment d'apaisement. La tête levée vers le ciel, je marchais en direction de la supérette. Celle ouverte sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Autrement dit, une véritable bénédiction pour moi qui ne terminait jamais assez tôt pour aller dans les magasins habituels ouvert uniquement en journée. Et justement, je rentrais chez moi après avoir supporté les caprices d'un Melrose qui me rendait fou. Dans tous les sens du terme. C'était donc avec un certain soulagement que je retournais dans mon appartement. Mais d'abord, je devais me trouver de quoi survivre jusqu'au petit matin. Je pénétrais donc chez le dépanneur, prenais tout un tas de cochonneries (gâteaux apéros, bières, hamburgers surgelés). Je n'avais pas le courage de cuisiner. D'autant plus que je n'étais pas un bon cuisinier. Je me débrouillais, dirait-on. J'attrapais encore une énième connerie que je balançais dans le panier sans même le regarder d'avantage. Ce soir, je me faisais plaisir et ne ferais pas attention. D'ailleurs, qui serait là pour me juger ?

J'allais me diriger vers les caisses quand mon regard croisa cette silhouette connue qui entrait elle aussi dans la supérette. Je la suivais du regard sans me manifester et l'observais. J'aurais pu en rester là, me dire qu'il n'en valait pas la peine, que ce n'était qu'une merde et qu'il ne méritait pas l'attention que je pouvais lui porter. Cependant, ma fierté était si grande et démesurée que j'avais besoin d'explication. Ainsi, je faisais demi-tour, attrapais un lot d'éponges dans le rayon et le lui balançais au visage lorsque je le retrouvais. « Eh, Gold ! » Hurlais-je dans le magasin. Au moins, il ne pourrait m'ignorer. Et si jamais il osait me tourner le regard, je lui balancerai bien plus que de simples éponges inoffensives. « Qu'est-ce que tu fous là, vieux con !? Et sans garde du corps en plus. Tu m'impressionnes. » Je ris, me moquant ouvertement de lui. S'il avait été mon présentateur favori avec une émission que j'adorais, aujourd'hui il ne représentait plus rien. Il n'était qu'une merde avec des couilles en or. Et encore, je restais poli et gentil car il méritait bien pire pour m'avoir évincé sans m'en parler.